La cohorte du programme nouveaux professionnels de l’ICA 2023 se compose de six lauréats. Dans ce quatrième numéro de notre série à la rencontre des NPP de l’ICA 2023, nous allons découvrir Randolphe Hildebert AGLIKPO.
Randolphe Hildebert AGLIKPO est un archiviste béninois. Découvrons ce nouveau professionnel du Conseil de l’international des archives.
Parcours universitaire de Randolphe Hildebert AGLIKPO
Après l’obtention de son baccalauréat, Randolphe Hildebert AGLIKPO avait pas pour ambition d’étudier les archives. Sur les conseils de ses parents, il s’est inscrit en Sciences et Techniques de l’information documentaire de l’ENA Bénin.
Parallèlement, il s’est aussi inscrit en droit privé. En 2018, Randolphe Hildebert AGLIKPO a obtenu une licence professionnelle en Archivistique et en 2019 une licence en droit privé.
Actuellement, il est étudiant en master 2 Ingénierie de l’information numérique à l’université Jean Jaurès de Toulouse en France.
Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai eu la chance de commencer très tôt avec les expériences professionnelles. Déjà en deuxième année d’université, j’ai commencé avec des stages pratiques avec CICA-Afriktic.
À la fin de ma licence professionnelle, j’ai travaillé en tant qu’archiviste dans diverses institutions privées telles que :
- Atlantique assurances Bénin Vie,
- PADME Bénin,
- cabinet d’archivage Ark’Aiv,
- Cabinet archives africa, etc.
J’ai également eu la charge d’organiser et de gérer le fonds personnel de quelques personnalités politiques du Bénin.
Par ailleurs, je suis également fortement impliqué dans les associations professionnelles locales, faisant du bénévolat en tant que :
- chargé de communication digitale de l’Association des archivistes, bibliothécaires et documentalistes du Bénin ;
- chargé de communication de la Branche ouest-africaine du Conseil international des archives (WARBICA) ;
- Secrétaire général adjoint de l’ONG Archivistes Leaders.
Paradoxalement à mes activités professionnelles, j’œuvre à travers ArchivInfos pour la valorisation et la promotion des métiers de l’information documentaire. J’interviens notamment sur les réseaux sociaux (Facebook, LinkedIn, Twitter.
Grâce à ça, j’œuvre à la désacralisation et à la vulgarisation de ses métiers auprès de public profane ou lambda.
Randolphe Hildebert AGLIKPO, pourriez-vous, nous dire les motivations qui vous ont conduit à postuler pour le programme nouveaux professionnels de l’ICA ?
Le programme nouveaux professionnels de l’ICA est un programme dont je suis attentivement les activités depuis 2018. Je l’ai découvert grâce à Jean Paul Lawson, un archiviste béninois, membre de la cohorte 2018 des NPP de l’ICA. L’expérience qu’il avait partagée m’a amené à me renseigner sur le programme sans pourtant pouvoir participer.
J’ai toujours eu pour ambition de militer dans les organisations internationales. Le programme NPP offre différents avantages qui correspondent parfaitement à mes aspirations.
Déjà, j’ai la chance de rencontrer d’autres jeunes professionnels comme moi avec qui nous travaillons sur un projet collectif. Cela me permet déjà d’avoir une idée de la culture archivistique de leurs pays respectifs, une sorte de partage d’expérience.
Nous aurons à présenter le fruit de nos travaux au congrès de l’ICA d’Abu Dhabi en octobre 2023. Cela me permettra de pouvoir participer pour une première fois au congrès de l’ICA et de débattre sur différentes thématiques.
Le programme s’étend aussi à la rencontre d’autres professionnels et experts avec qui nous aurons à collaborer sur différents projets.
Néanmoins, la raison qui m’a le plus motivé à vouloir prendre part au NPP, c’est la perspective de pouvoir travailler avec un mentor. En tant qu’un jeune professionnel, il est toujours bien de pouvoir apprendre d’un aîné qui pourra nous enseigner sur plusieurs choses.
Je m’intéresse à divers sujets parmi lesquels, je peux citer :
- archives numériques ;
- données ouvertes ;
- Big Data;
- IA appliquée à la gestion des archives ;
- la communication numérique et la valorisation des archives ;
- l’autonomisation et le leadership des archivistes africains.
Je voulais donc quelqu’un qui a des expériences dans ces domaines. Le programme de mentorat permet d’apprendre de son mentor ses expériences, erreurs, difficultés et pièges à éviter. C’est ce dont je bénéficie actuellement avec mon mentor Antony Belin.
Dites-nous un mot sur la qualité de l’offre de formation dans les universités africaines qui forment aux métiers de l’infodoc ?
Les universités et écoles essaient de faire de leur mieux pour se mettre au pas, malheureusement, elles sont encore loin.
Je n’ai pas vraiment connaissance de ce qui se passe dans l’espace anglophone. Mais, dans l’espace francophone d’après mes recherches, il reste encore beaucoup à faire. La plupart des formations sont encore analogues, calquées sur la gestion des archives de façon classique.
Le numérique n’est pas encore totalement enclin dans les curcumas de formation. Il urge de revoir les curcumas de formation afin de les adapter aux défis actuels du domaine. Ces derniers sont orientés vers le numérique.
Quel pourrait-être selon vous le paysage des archives en Afrique dans 20 ans ?
Dans 20 ans, nous pouvons espérer que le secteur des archives sera mieux comparativement à aujourd’hui. Beaucoup d’administrations et d’États s’intéressent de plus en plus à la dématérialisation de leurs activités. Cela montre déjà plus ou moins leur intérêt à mieux gérer les informations et surtout à automatiser certaines tâches.
Néanmoins, ils doivent tenir compte de l’aspect organisation du flux informationnel. La dématérialisation des processus n’aura pas d’intérêt si les données créées ne sont pas bien gérées et organisées. Pour ça, ils doivent associer les professionnels de la gestion des documents à ces nombreux projets.
Sinon, les archivistes africains risquent d’utiliser les 40 ou 50 prochaines années à réorganiser les données numériques. Ce sera une perte de temps et surtout de ressources. Les archivistes sont très importants dans la mise en place de tels processus.
Actuellement, nous continuons toujours à épurer le passif documentaire physique qui existe. Nous ne savons pas encore quand cela prendra fin. Si nous y ajoutons du vrac numérique, nous serons toujours en retard par rapport aux autres continents en termes de gestion de données. Ce qui serait dommage.
Waouh, C’est superbe.