À la rencontre d’un SID est une rubrique de ArchivInfos consacrée à des collègues, documentalistes, bibliothécaires et archivistes. Cette rubrique a pour but de leur permettre de partager avec la communauté ArchivInfos leur parcours et connaissance sur divers sujets. Pour ce numéro, nous allons à la rencontre de l’archiviste Ignace BATIONO du pays des hommes intègres, le Burkina Faso.
Il est le président de l’Union Nationale des Archivistes du Burkina Faso (UNAr-BF). Il partage avec nous son parcours et son avis sur divers sujets.
Quel est le parcours professionnel de l’archiviste Ignace BATIONO ?
Mon parcours est un peu atypique. Avant de devenir un archiviste assermenté, j’ai d’abord eu à évoluer comme enseignant vacataire de français dans plusieurs Lycées. Je suis en fait littéraire de formation et diplômé de l’Université Joseph Ki-ZERBO de Ouagadougou. Après cette expérience, j’ai été journaliste stagiaire au quotidien d’information public appelé « SIDWAYA ».
Ce n’est qu’en 2011 que j’ai opté pour le concours des archivistes d’État niveau Baccalauréat. Ce fut d’ailleurs la première fois que l’École Nationale d’Administration et de la Magistrature (ENAM) le lançait. En 2017, je me suis inscrit en licence à l’ENAM, d’où je suis sorti avec un diplôme de conservateur d’archives. Ce diplôme qui constitue le cycle final à l’ENAM est l’équivalent d’un master en gestion des archives.
Je suis en service depuis 2013 au Secrétariat général du gouvernement et du conseil des ministres. J’occupe le poste de responsable de la numérisation. Depuis 2020, je suis à la tête de l’Union Nationale des Archivistes du Burkina Faso (UNAr-BF). L’UNAr-BF est une association qui s’occupe de la promotion et de la valorisation du métier d’archiviste au Burkina Faso.
Pourquoi avoir choisi cette profession ?
J’ai opté pour la filière archives pour deux raisons. Premièrement, je ne suis pas étranger à la question de la conservation des documents importants. Notre père était à l’époque un fonctionnaire de l’État qui classait systématiquement les documents personnels de chacun de ses enfants. Il faisait ce classement par ordre dans des chemises qu’il rangeait ensuite dans une malle métallique. C’est donc avec lui que j’ai appris l’amour du rangement et de la préservation des documents.
Deuxièmement, la recherche du savoir, la curiosité documentaire ont toujours constitué des passions pour l’homme des lettres que je suis. Le métier d’archiviste fut un tremplin pour accomplir cette soif du savoir.
Pourriez-vous nous décrire la situation des archives et des archivistes au Burkina Faso ?
Au Burkina Faso, la situation des archives est acceptable. Elle n’est pas la pire en matière de préservation et de valorisation. Le secteur des archives est régi depuis 2019 par la loi n°047-2019/AN du 22 octobre 2019. Cette loi prend en compte l’archivage électronique et la prestation de serment des archivistes.
Cependant, les archives du Burkina Faso ont souffert comme dans beaucoup de nations africaines d’un laissé aller en matière de conservation. Cela a entraîné la perte d’une partie de notre mémoire nationale. Par ailleurs, l’avènement du numérique contraint les archivistes burkinabés à suivre des formations appropriées. Malheureusement, les formations notamment en matière de GED ou de système d’archivage électronique sont presque inexistantes.
Parlez-nous de la Journée de l’archiviste burkinabé assermenté (JABA)
La JABA organisée le 6 mars 2021 a consisté à donner un caractère solennel au serment prêté par plus de 400 archivistes. Le but était de montrer aux yeux des populations, la noblesse du métier d’archiviste.
Au cours de cette journée, les archivistes ont débattu autour des enjeux de la nouvelle loi qui régit les archives. Il s’agissait notamment des avantages et les contraintes liées à la prestation de serment.
Qu’est-ce que vous voudriez partager avec quelqu’un qui voudrait embrasser la carrière d’archiviste ?
Évoluer en tant qu’archiviste est comme pour beaucoup d’autres métiers, une question de passion, c’est-à-dire l’amour du métier. Le métier d’archivistes a des avantages et des défis.
Pour une personne qui aimerait évoluer en tant que professionnel archiviste, elle doit savoir que notre métier est évolutif. On parle de plus en plus d’e-archiviste ou de gestionnaire de base de données, de records manager, de Knowledge manager. Tout cela constitue autant de raisons pour être passionné et embrassé la carrière d’archiviste.
Quel mot de fin archiviste Ignace BATIONO?
Mon mot de fin concerne la course vers le numérique. En matière de préservation et de conservation d’archives, les pays africains doivent accomplir des préalables. Ces derniers doivent se faire avant de virer au semi-numérique ou au tout numérique.
Ces préalables concernent le traitement et la numérisation des passifs d’archives qui trainent dans nos administrations, notamment publiques. J’invite les archivistes burkinabés et africains à suivre des formations de renforcement de capacités en matière d’archivage électronique. Je demande également à nos gouvernements de penser à la dotation de budgets conséquents pour la préservation et la valorisation de la mémoire de nos Nations.