À la rencontre d’un SID est rubrique consacrée aux spécialistes de l’information documentaire. Les archivistes, bibliothécaires et documentalistes partagent leur parcours et avis sur diverses thématiques. Dans ce numéro, la SID Amina BENSELLAM, archiviste au centre national des archives algériennes fait honneur en nous accordant cette interview.
Découvrez l’essentiel de l’entretien qu’elle a accordé à la rédaction de ArchivInfos.
Parcours académique de la SID Amina BENSELLAM ?
Après l’obtention de mon baccalauréat en 1995, j’ai un cousin médecin qui m’a orienté vers les archives. En Algérie, nous ne disposons pas d’une école exclusivement dédiée à la formation en archivistique. La bibliothéconomie était la seule option qui s’offrait à moi. Les cours étaient beaucoup plus en bibliothéconomie avec juste un seul module en archives.
J’ai fait la formation et j’ai eu mon diplôme de licence en bibliothéconomie en 2000. A mon époque, l’université ne proposait pas de spécialités en archivistique. Les choses ont évolué et plusieurs choix de spécialisations s’offrent aux nouveaux diplômés.
Mon amour pour les archives m’a conduit à m’inscrire en 2020 en master à l’université de Blida d’Algérie. J’ai choisi cette option afin d’acquérir de nouvelles connaissances notamment en archivage électronique. Le métier d’archiviste évolue de façon exponentielle. J’adore les archives, donc je devrais me mettre à jour.
Parcours professionnel de la SID Amina BENSELLAM?
Même si j’ai eu la chance de faire certains stages, mon parcours professionnel se résume essentiellement au centre national des archives algériennes. J’ai eu la chance de faire les études avec un collègue qui pendant ce temps était déjà archiviste.
Grâce à son aide, j’intègre le centre des archives nationales en 2001 en tant qu’archiviste. Depuis, j’y cumule un total de 20 ans d’expérience professionnelle. J’occupe le poste de chef service du traitement des archives.
Paradoxalement, j’ai eu la chance de faire en 2011 le stage de STIA à Paris. J’ai également fait un stage à l’École du Patrimoine, option archives en 2016 à Paris. Afin de mieux traiter les fonds de la période ottomane, j’ai aussi étudié la langue turque.
Pourquoi avoir choisi cette profession ?
Je me considère, comme être née pour exercer le métier d’archiviste. Je nourris pour cette profession une certaine passion. J’avoue que travailler dans une bibliothèque ne me plaisait guère. Travailler dans le secteur des archives est pour moi être au cœur du patrimoine algérien.
J’ai eu la chance de travailler aux archives historiques ce qui m’a permis d’être en contact avec l’histoire algérienne. Je me trouve aussi une certaine passion à partager avec les historiens et étudiants une partie cachée de l’histoire algérienne. Je suis archiviste et je resterai archiviste jusqu’à ma mort. J’adore les archives.
Pourriez-vous nous décrire la situation des archives et des archivistes en Algérie ?
Malheureusement, la situation des archives et des archivistes en Algérie est comme dans la plupart des États africains. Les archives souffrent d’une certaine négligence. Beaucoup d’administrations centrales n’accordent pas d’importance aux archives. Tel est également des archivistes.
L’archiviste est humilié dans certains secteurs et se retrouve mal classé dans l’organigramme de beaucoup de ministères. C’est bien dommage, parce qu’au-delà de tout, être archiviste, c’est être le dépositaire de la mémoire de l’administration. L’archiviste devrait occuper un poste décisionnel, car c’est lui qui assure la gestion de l’information.
Que pensez-vous de la place qu’occupent les femmes dans le domaine des archives en Afrique ?
Pour moi, être archiviste, c’est exercer un métier comme tout autre. La discrimination de genre ne devrait pas exister. Je ne vois aucunement de différence entre les hommes et les femmes. Le plus important devrait être la maîtrise et surtout l’amour pour les archives.
J’invite tout de même les femmes archivistes à donner le meilleur d’elles-mêmes. Continuez à vous perfectionner dans ce domaine où tout évolue à vitesse V. Soutenons-nous davantage en partageant des informations et nos expériences.
Je voudrais finir en vous disant que vous devez aimer le métier pour être un bon archiviste ou bibliothécaire. Merci à la rédaction d’ArchivInfos pour cette interview qu’ils m’ont accordée. Je souhaite bon courage à tout le monde.
Tout à fait vrai !! c’est un très beau métier de culture et de savoir mais malheureusement il est très mal considéré en Algérie vu l’état et la situation difficile que vis l’archiviste au quotidien , aucune considération pour son statut d’archiviste donc aucune considération pour le patrimoine. Pourquoi ?? Parceque le domaine et géré par des intrus qui n’ont aucune connaissance ni amour pour les archives je parle des administrateurs qui gèrent les secteurs des archives et ont dévié l’âme même du métier d’archives et l’ont obligatoirement Confondu au métier d’administration ce qui est un grand tort pour les archives
Merci Amina pour cette interview. Kouame (stagiaire STIA 2011)
Elle a partagé de belles choses et a touché un point poignant.
Une bien triste réalité à l’heure où on ne cesse de rappeler le pouvoir de l’information et donc l’importance des archives au sein des organisations.
Une approche par « la pédagogie du travail bien fait » peut aider à faire bouger les lignes et changer les mentalités. Lorsqu’un-e pro de l’info doc à l’opportunité d’exercer son métier au sein d’une organisation, qu’il/elle le fasse de la meilleure manière possible afin de susciter prise de conscience mais aussi reconnaissance et admiration. A partir de ce moment, il sera en meilleure posture pour négocier et faire avancer les choses.
💪🙂 Force à nous les archivistes.
« la pédagogie du travail bien fait » Vous avez totalement raison. Chaque fois que nous en avons l’occasion, nous devons fournir un travail de qualité.