Au cours de sa visite au Cameroun, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’une commission d’historiens sur les archives de la guerre du Cameroun. Cette dernière aura pour mission de faire la lumière sur le rôle de la France pendant la colonisation au Cameroun.
Cette dernière a démarré ses travaux et des questions se posent déjà sur le contexte de ses recherches et leur finalité.
Les membres de la commission d’historiens sur les archives de la guerre du Cameroun ne font pas l’unanimité
Au cours de sa visite de reconquête africaine, le président français a annoncé la déclassification de diverses archives françaises. Ces dernières seront étudiées par des commissions d’historiens. Les 10 experts-historiens qui auront à faire partie de la commission mixte de l’Algérie font l’unanimité.
Tel n’est cependant pas le cas du Cameroun où des voix s’élèvent. La commission d’historiens a pour rôle d’étudier les actions de la France au Cameroun entre 1945 et 1971. Blick Bassy, artiste camerounais et l’historienne française Karine Ramondy auront la responsabilité de diriger les travaux.
Les deux acteurs ont commencé leurs travaux en mars et devront publier les résultats de leur recherche fin 2024. Des historiens camerounais ont levé la voix quant à l’opportunité de choisir un artiste à la place d’un historien.
La Société camerounaise d’histoire a notamment montré son écœurement dans un communiqué publié par le média Actu Cameroun. Elle a notamment manifesté son mépris en ce qui concerne le choix de Blick Bassy en tant que membre de la commission.
David Mokam, membre de ladite société soulève le mépris à l’égard des historiens camerounais. La société ne comprend pas en fait le choix d’une historienne côté français et d’un artiste côté camerounais.
Des écrivains et journalistes camerounais pas convaincus de l’utilité des travaux
Des chercheurs et écrivains camerounais ont soulevé des questions sur l’opportunité des travaux. Pour Thomas Deltombe, divers écrits existent déjà sur la question.
Il a personnellement eu à collecter et à étudier durant cinq ans les archives de la guerre du Cameroun. Il a notamment eu à collecter des témoignages de militaires, de ministres et de combattants. Pour lui, beaucoup d’archives existent depuis longtemps et la communication de Macron sur l’ouverture des archives n’est pas opportune.
Karine Ramondy a tenu à clarifier les choses. Pour elle, les travaux existants feront partie intégrante des recherches. La commission fera d’ailleurs un inventaire pour tous les collectés.
La commission d’historiens sur les archives de la guerre du Cameroun aura pour mission de continuer le travail. Elle utilisera à cet effet de nouvelles archives et de nouveaux angles.
Les archives nationales du Cameroun concernées
Des difficultés d’avoir accès à certaines informations dont l’assassinat du leader indépendantiste Ruben um Nyobe subsistent. La commission d’historiens sur les archives de la guerre du Cameroun se questionne sur la volonté des autorités camerounaises.
Elle se demande si les autorités camerounaises pourront donner accès aux documents conservés au Cameroun.
Esther Olembe a fait savoir que l’accès aux archives se fera en fonction de l’appréciation des autorités camerounaises. Rappelons qu’elle est la directrice des Archives nationales du Cameroun et fait partie du top 8 des meilleures archivistes africaines.
Pour la directrice des archives nationales du Cameroun, le fonds conservé au Cameroun n’est pas assez riche. Il ne dispose pas de données qui peuvent permettre de faire la lumière sur cette affaire.
Après l’indépendance, la France a eu à emporter l’essentiel des archives. De plus, les documents qui se trouvent dans le fonds ne pourront certainement pas servir à grande chose.
Beaucoup parmi eux n’ont pas fait objet de bonne conservation et ont subi des dommages non négligeables. Climat tropical et insuffisance de moyens alloués pour leurs conservations ont rendu beaucoup de ces ressources non utilisables.
Néanmoins, Karine Ramondy a affirmé que les autorités camerounaises avaient manifesté leur accord pour l’accès à ces documents.