Le Tchad s’engage dans une transformation numérique majeure avec le lancement de son plan « Tchad Connexion 2030 ». Ce programme, doté d’un budget de 1,5 milliard de dollars, ambitionne de redessiner le paysage technologique du pays d’ici six ans. Objectif affiché : connecter le pays à grande échelle, moderniser l’administration publique et stimuler la croissance économique via le numérique.
Désenclaver le territoire : des infrastructures stratégiques
A l’instar de l’Ouganda qui œuvre pour l’amélioration de l’accès à internet, le Tchad s’attaque à un projet ambitieux. Pour sortir de son isolement numérique, le gouvernement prévoit la construction d’une nouvelle liaison internationale de 509 kilomètres reliant la capitale N’Djamena à la frontière nigérienne.
D’autres connexions transfrontalières sont prévues vers la Libye et l’Égypte, avec l’implication du secteur privé. Cette offensive infrastructurelle vise à créer un réseau national robuste. Cela constitue la condition sine qua non pour améliorer la couverture et la qualité de l’accès à Internet. Le plan prévoit une croissance du taux de pénétration d’internet, de 13,2 % actuellement à 30 % en 2030.
Pour y parvenir, le gouvernement veut introduire un nouvel acteur télécom via la privatisation de la Sotel, opérateur historique. Cette mesure favorisera la concurrence et réduira les coûts pour les consommateurs. Une stratégie qui s’inscrit dans une volonté plus large de démocratisation du numérique.
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Tchad connexion 2030 : cap sur l’e-gouvernement
L’un des piliers majeurs du programme réside dans la dématérialisation complète des services publics. Le Tchad est classé parmi les derniers au monde selon l’indice des Nations Unies sur le développement de l’administration en ligne (EGDI : 0,1785).
Il veut désormais offrir à ses citoyens une interface unique et intégrée pour leurs démarches administratives. Cette modernisation vise à accroître l’efficacité de l’État et renforcer l’inclusion numérique.
Malgré l’ampleur du chantier numérique, un sujet clé demeure absent du plan : la cybersécurité. Un oubli préoccupant dans un contexte où le continent africain subit une montée en flèche des cyberattaques. Plus de 131 millions ont été recensées en 2024 selon Kaspersky.
Face à la sophistication croissante des menaces, notamment par l’usage de l’intelligence artificielle, l’absence de stratégie de protection des données et des systèmes d’information fait peser un risque majeur sur la pérennité des infrastructures numériques.
Avec « Tchad Connexion 2030 », les autorités posent les jalons d’un développement numérique ambitieux. Il sera capable de transformer durablement l’économie et la société. Mais pour que cette transition réussisse, elle devra s’accompagner d’une gouvernance rigoureuse, d’un cadre juridique clair et d’un dispositif de cybersécurité solide. Car sans sécurité, aucune transformation digitale ne peut tenir ses promesses.